Montferrier sur Lez : une commune dortoir et un patrimoine qui va s’appauvrir
Une commune-dortoir de plus en plus peuplée aux portes de Montpellier avec des grosses carences
Les demandes de certificats d’urbanisme se multiplient, les permis de construire sont légions, les constructions poussent à vue d’œil et la population augmente donc toujours : 1105 habitants en 1968, 2015 en 1982, aujourd’hui en 2021 nous sommes plus de 4 000 habitants.
Comme notre espace constructible ne peut guère s’étendre en zones N et A (zones inondables, de boisements, etc. présentes dans le Plan Local d’Urbanisme PLU), la densité de population est de plus en plus forte (483,1 hab./km2 en 2017 contre 143,5 en 1968) notamment à cause de la parcellisation entrainant des constructions sur des parcelles de plus en plus petites, faisant la joie des petits promoteurs.
Par voie de conséquence, le nombre de logements sociaux sur la commune (25%) doit augmenter lui aussi. Il en manquait déjà 362 en 2016, 437 en 2020. Actuellement, seulement 71 logements sociaux ont été construits (42 en 2014 – Pont des Arômes – Caudalie et 27 en 2015 – Millepertuis – Caubel et le reste dans le vieux village).
Depuis 2015, RIEN n’a été fait, prévu ou planifié.
Le déficit est donc multiforme : carence de plus de 400 logements sociaux aujourd’hui. A cette carence s’ajoutent celles de type commercial, sanitaire, scolaire, sportif, ludique, etc. Montferrier dépend de plus en plus de sa périphérie multipliant les déplacements que l’on souhaite réduire d’autre part pour mieux respecter les contraintes environnementales.
Ainsi, chaque année, Montferrier doit régler l’amende infligée aux communes qui ne respectent pas leurs obligations à l’égard de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) qui s’élève cette année à 103 932 euros. Faut-il laisser faire ces divisions parcellaires à tout va ? Avec plus de 100.000 euros n’y aurait il pas mieux à faire dans notre commune ?
Peu de projets réalisés et surtout prévus par la majorité en place
Deux réalisations embryonnaires
- un bout de pistes cyclables entre le rond-point de Fescau et le pont sur le Lez. Une affaire qui s’éternise depuis le mandat de Michel Fraysse… et la mairie renvoie vers Métropole… comme avant : C’EST PAS NOUS. Ce bout de pistes cyclables est absurde : après le rond-point de Fescau, les platanes ornent toujours la route de Mende, sentinelles ombragées elles sont un premier défi pour aller rejoindre la piste cyclable au chemin de la Meule. À partir de là et sur quelques 200m seulement, la piste cyclable se déroule. Elle s’arrête bien avant le pont dont chacun connaît la difficulté qu’il y a à le traverser, surtout à pied et à vélo, mais également en voiture. Paradoxe des temps modernes, cet embryon de pistes cyclables semble sortie de nulle part, pour aller juste un peu plus loin !!!
- un cabinet médical place des Grèses qui a pris la place d’un local réservé aux associations, local qui était également très utile lors des manifestations (repas du 13 juillet, Téléthon, etc.) ; nous nous étions prononcés alors et nous avions indiqué notre position cf billet 15 « Montferrier sur Lez, un désert médical ? ». Le résultat est loin du compte.
Pour ces 2 projets, Montferrier Ensemble n’a ni été averti, ni convié aux discussions.
Notre superbe piste cyclable du Pont du Lez jusqu'à 100 mètres du rond point de Fescau
Outre ces 2 projets, quelques projets ont été annoncés et inscrits dans les comptes rendus des conseils municipaux : extension du centre culturel Devézou, rénovation de l’école primaire, parcours de mise en valeur du patrimoine. C’est peu et surtout ces projets dépendent en très grand partie des subventions qui seront obtenues… ou NON.
À titre d’exemple : la rénovation de l’école élémentaire – montant total de l’opération 1 194 772 € HT – demande de subvention 955 817,6€HT soit 80% (CR conseil municipal 25.02.2021).
Certes 6 boîtes à livres vont être posées dans le village et alentours mais nombre de communes ont déjà fait cela et l’on ne peut parler ici de projets et c’est un employé municipal qu’il faut féliciter surtout pour la construction des boîtes à livres.
De fait, aucun projet global ou d’envergure n’est prévu au budget. Nous attendons toujours la programmation pluriannuelle que nous avons appelée de nos vœux à plusieurs reprises.
Le PLUI est fondamental pour l’avenir de la commune
Le PLUI Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, qui va se mettre en place, va entrainer le transfert de la compétence PLU des communes membres vers la Métropole. L’élaboration du PLUI va se faire cependant en collaboration avec chaque commune. Il doit répondre à deux objectifs majeurs (https://www.montpellier3m.fr/plui) :
- Décliner localement les orientations stratégiques du projet métropolitain « Montpellier Territoires, métropole productive » et du projet de Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) révisé, définis collectivement ;
- Permettre la réalisation des projets urbains locaux.
Lors du conseil municipal du 25 février 2021, nous avons posé une question à Mme le maire concernant ce PLUI :
« Mme le Maire, vous avez assisté, jeudi 18 février, à la présentation des grandes lignes du PLUI par Mme Coralie Mantion , VP déléguée 3M à l’Aménagement durable du territoire, à l’urbanisme et à la maîtrise foncière. Chaque commune doit maintenant engager un travail plus précis pour appliquer les grandes orientations définies. Dans le cadre de la concertation nécessaire pour un projet de cette envergure pour notre commune, nous souhaitons non seulement être informés mais encore être pleinement associés à ce travail. Pouvez-vous nous en donner la garantie ? »
Cette question, envoyée comme il se doit 3 jours avant le conseil municipal, a été tronquée dans le compte-rendu (Compte Rendu conseil municipal 25.02.21 – en ligne sur le site de la mairie https://ville-montferrier-sur-lez.fr/wp-content/uploads/2021/03/Compte-rendu-cm-du-25-fevrier-2021.pdf) :
« M. Bord : PLUI – demande à être associé à ce travail et informé »
« Mme le Maire : exposé de Mme Mantion en conseil des maires avec informations très générales, et mise en place du planning pour un PLUI prévu pour 2023 »
Cette réponse élude totalement la question et permet de constater l’absence de prise en compte du PLUI pourtant décisif pour l’avenir de Montferrier d’où une deuxième question orale posée lors du conseil municipal le 14 avril 2021.
Un budget comme avant qui ne laisse espérer rien de plus
Demander des subventions, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Nous devons d’abord compter sur nous-même et investir, ce que le budget ne prévoit nullement.
Les actions mises en œuvre doivent répondre au mieux aux besoins de notre commune, Montferrier-sur-Lez, sachant que le taux d’endettement est minime. Or, vous le savez, une commune peu ou pas endettée est une commune qui dort. Le recours à l’emprunt est un choix politique. Les équipements doivent être financés par l’emprunt. Surtout dans une période où le loyer de l’argent n’a jamais été aussi bas.
Les investissements à venir doivent s’orienter vers ce qui importe aux Montferriérains : construction d’une maison médicale (nous ne reviendrons pas sur ce point déjà évoqué), mise en place de logements sociaux harmonieux, avec notamment des logements étudiants, une résidence sénior, des investissements ludiques et sportifs, un espace de coworking ou un tiers lieu, etc. »
Les projets « Montferrier Ensemble » sont un gage pour l’avenir de notre commune
Ils ont été développés dans programme municipal (encore accessible sur le site Montferrier Ensemble) :
Un mode de gouvernance plus ouvert : plus de transparence dans la prise de décisions et dans les actions – billet 2 + Thématique Gouvernance. La gouvernance c’est la co-responsabilité de projet, c’est la capacité à mettre en synergie les principaux acteurs autour du niveau de décision politique, tout en impliquant tous les habitants. Car, aujourd’hui, c’est le projet qui construit de plus en plus le territoire.
Ce projet doit se traduire de manière cohérente par des actions dans toutes les thématiques qui nous concernent, par exemple :
- Urbanisme : Concertation pour le PLUI et grandes orientations urbanistiques = point de départ ;
- Mobilités : Piste cyclable route de Mende et liaison avec la piste le long de la Lironde – billet 14 – et aménagement piéton le long du Lez depuis le domaine de Lavalette jusqu’au château de Restinclières – Billet Thématique Mobilités ;
- Scolaire : Rénovation, restauration et/ou construction avec groupe de travail impliquant directeurs, professeurs, personnels des écoles et parents d’élèves ;
- Sport : discussions avec les parties prenantes, réaménagement de l’existant et centre sportif – billet 6 ;
- Ludique : Jeux pour enfants (- 12 ans) place des Aigueillères avec aménagement piéton du village jusqu’à l’esplanade + aménagements à côté du City Park au Devézou (+ 12 ans) – billet 4 ;
- Santé : Maison médicale – billets 6 et 15 ;
- Numérique : Aide, apprentissage à l’usage du numérique pour les personnes en difficulté et Espace de coworking – Thématique numérique + programme ;
- Patrimoine : mettre en valeur le patrimoine naturel (Lez, Lironde, massifs boisés) et bâti, historique (vieux village, château, église, terrasses du château, aqueduc, chapelle de Baillarguet, belvédères, etc.).
Un point qui nous a paru important : pourquoi Mme le maire est systématiquement contre toute proposition venant de l’opposition ?
Par exemple, pourquoi Mme le maire refuse aujourd’hui de prêter un local de manière ponctuelle au « Repair Café » proposé par l’association Vivons Montferrier ?
Les conséquences de ce manque d’ambitions dans les projets sont que la commune va être impactée dans les années qui viennent.
Comment ?
D’abord par un affaissement du coût du foncier et de l’immobilier. En mars 2021, le prix du m² moyen de l’immobilier (maison, appartement) était estimé à 3 334€ et le prix du terrain au m² à 442€ (données du Consortium Immobilier ). Ce prix est déjà un des plus faibles par rapport à Montpellier et aux communes de la première couronne, qui dépassent les 3 500€/m² pour l’immobilier.
Cela peut s’expliquer par les difficultés de toutes sortes rencontrées sur la commune (à se déplacer par manque de transports en commun, de pistes cyclables, par la difficulté à s’approvisionner, etc.).
Cela peut s’expliquer également par un vieillissement de la population (les 60 ans et + représentaient 30,1% de la population en 2007 et 35,3% en 2017 – INSEE), population pour laquelle peu de choses sont faites (pas de résidence senior, par exemple), par l’absence de projets pour les entrepreneurs (pas d’espace de coworking pour les indépendants, par exemple), pour les jeunes (côté ludique ou sportif), etc.
La commune n’a pas d’ambition, s’éteint petit à petit, ronronne et s’endort.
Une première action à mener, lorsque nous serons sortis de cette pandémie, serait de s’appuyer sur celles et ceux qui souhaitent sortir Montferrier de son long sommeil afin de mettre en place un projet ambitieux pour notre commune.
« Communiquer, c’est mettre en commun ; et mettre en commun, c’est l’acte qui nous constitue. Si l’on estime que cet acte est impossible, on refuse tout projet humain ».
Albert Jacquard
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